4 ème EDITION

4 ème EDITION

WEEK-END LITTERAIRE 4-5 juillet 2020

 

merci à Coco pour ces belles photos !!

 

AUTOUR DES LIVRES

 

AUTOUR DES TEXTES 

Proposition d’écriture par Véronique

L’invitation à écrire, pour cet atelier, concernait les bruits : ici et maintenant, qu’entendez vous ? Quels sont les voix, les sons, les bruissements, les claquements qui viennent à vous, et comment pourriez vous les écrire. 

Quels mots trouver pour évoquer, dans votre texte, tout l’univers sonore qui vous entoure ! 

En vrac…

J’AIME…

Là, tout de suite, maintenant,

Les arcs-en-ciel de sons,

Les murmures,

Les chuintements,

Les explosions de voix sur la plage,

Les éclats,

Les éclaboussures…

J’AIME…

Les respirs,

Les « inspirs »,

Les « expirs »,

Les caresses d’une fillette à un chaton.

Le minouche profite des doigts enfantins qui glissent sur son pelage ébène,

Qui le gratouillent,

Qui le chatouillent…

« Tiens ! Ça me rappelle Knock. »

TIC TIC TOC

TUT TUT TUT

CRAC

HOP

J’AIME…

Les couleurs des souffles du vent, confiées le temps d’un instant, et reprises sans façons…

J’AIME…

Être là, à suivre le patinage de mon feutre sur la feuille lignée de mon carnet…

« Allez ! On va se promener… ».

Ce sont Geneviève et sa fillette. J’entends leurs pas trainant sur les pavés

                                                                                                                                                              Françou

La mer, la mer, les vagues.

La mer de Trenet qu’on voit danser, la mer de Valéry toujours recommencée…

Ne jamais se lasser j’ajouterais…

Doux sur le sable fin, un « craquouillage » sur les coquillages, le bruit de la mer est éternel.

Nos lointains ancêtres l’ont entendu. Le même.

Tous les peuples de la terre l’entendent. Le même.

Il domine tout, le babillage des enfants, les cris des mamans.

Se fondre dans le ressac, s’engloutir dans les lames,  respirer son souffle,

N’entendre rien d’autre, et rester vivant

MIREILLE GOUBERT

Libre circulation des mots

Aujourd’hui encore, ils m’ont demandé d’écrire!!!

Écrire ? Penser et agir, n’est-ce pas ?

Un concept, un grand pas qu’un jeu lexical aura du mal à combler. On me demande ouverture, conversation saine, écoute, rencontre, confiance, convergence, compréhension,…

Curieuse affaire !! Une culture, un état d’esprit, un dialogue… hummm, « dieul log » comme disent les wolofs. Pendre sans vérifier, …

                                                                                                                                                ABDOU SENE

Bruits
***
Bruits que j’aime
Bruissement, tendrement…
Oiseaux, pépiements…
Voix d’enfants, chuchotements…
Près de l’amant, frémissements…
Mais aussi…
Bruits que je hais,
Voitures, vrombissements…
Voix internes, acouphènes…
Serais-je schizophrène ???
Obsession, prison…
Goutte incessante, énervante…
Nuit en horrible musique…
Insoutenable moustique…
Serpent, sifflement…
Pour mon cœur, sans douleur,
Ravissement,
D’un silence éloquent !

COCO

Ces bruits de toi que je n’entends pas.

Ton silence est battement sourd dans les cavités de mon cœur.

Ton absence de mots fait pleurer mes oreilles et les pores de ma peau.

Ton mutisme est assourdissant de douleur pour mon âme.

Je n’entends pas ciller tes paupières quand tu me regardes et que tu ne me vois pas.

Le bruissement de tes caresses ne résonne pas sur ma peau.

L’haleine de ton souffle n’effleure pas mes narines.

Tes gémissements ne me crèvent pas les tympans.

Les soubresauts de ton corps sourdent au fond de mon être.

Et pourtant, tous ces non-bruits de toi ont réveillé mon cœur qui était devenu sourd !

SOPHIE 

Une heure (avant) pendant ma mort

Rien, rien que le bruit du silence… Une heure avant ma mort… des pantoufles qui glissent sur la moquette. Pantoufles et moquette ? Eux n’attendent pas, moi si ! Je sens tout, j’entends tout. Le bruit du drap qui se décolle de mon corps en sueur. Et ce sifflement dans ma tête comme le train qui attend son dernier voyageur ? Ce bruit sourd et régulier ? Ce sont les gouttes du perfuseur qui me retiennent encore envie. J’entends tout, je sens tout, tout en moi s’amplifie. C’est pourquoi, mon chat qui acère ses griffes sur le tapis est comme un râteau sur le gravillon. Mon sang dans mes tempes est pareil à un tambourin. J’entends le son de chaque seconde qui se décroche de ma vie, le bruit macabre du compte à rebours, puis plus rien que le bruit assourdissant du silence.

MOMAR FALL

ICI ET MAINTENANT, à la recherche du Silence….

Le silence

impossible silence, clac dit la clenche à café sur le bois du comptoir, glinguiling verres de cristal qui s’entrechoquent, éclats de voix dans la piscine, remugle des vagues derrière les jardins, ronronnement de la machine à café, chuintement du café qui passe, dans son effluve…

L’eau qu’on verse glougloute en remplissant un verre à col haut ; elle chante en montant, comme la douce vocalise d’un oiseau qui se noie…

À côté, on murmure on chuchote on tapote légèrement, par respect pour celui qui écrit et qu’on ne veut pas déranger, on feuillette on range des couverts métalliques et l’un d’eux dit tipiditi clangui souitchichichit c’est fini mais rien ne s’arrête…

Gloussements d’une enfant  qui, maintenant, chouine ; et ses mots sans sens disent patati tata coca ; à présent, elle pleurniche…

Oh… on crie au loin !

Derrière le mur, derrière les arbres, le paw du ballon shootépaw rendu, rooooh ! Raté !

Le tapage viril du football honni avec ses éclats de voix hurlant au loin l’urgence comme si tout en dépendait

D’ailleurs l’enfant si jolie pleure

Elle proteste et sanglote on la réconforte on invective à présent « Nopil ! »

 

Enfermée dans mes cheveux, sous mes mains, mes oreilles cherchent à capter l’océan et tamisent le doux vacarme du dehors jusqu’à la vague s’écrasant sur le sable…

Les joueurs de foot ne lui permettent pas de dominer ; il faut qu’ils lui volent la suprématie, la primauté, le cri primal…

L’homme, le petit homme, est jaloux des éléments. Ces quelques kilos d’acides aminés qui veulent régner sur l’univers entier, sur l’éther et l’esprit des anciens sous prétexte qu’il le vaut bien, me rendent folle.

L’un d’eux, drapé sans doute dans sa petite immense virilité, rit de son exploit… Ah les exploits des hommes !

L’océan répond sans même en tenir compte et susurre  ET tape ! Et tape petit battoir ! Et tape ! Tu dormiras mieux ce soir ! – sur l’air des Lavandières du Portugal

Tranquillement et majestueusement, rythmé de ses vagues folâtres, il mugit de sa dense panse remplie de vie, il chante :

Je suis suiiiis suisssss sshshshh chez moi, et toi ausssssi tu es chhhez moi petit panpan qui tape et qui crie… Je suiiiiiiis sssssschui la vie l’eau de vie suiiiiiis ta vie…  Sèche ton sang mon chant c’est l’eau Hoho tu cries en groupe petit chenapan, tu vocifères, tu t’égosilles, mais je te le dis chchchut enfant plein de peurs et d’arrogance, chchchut tu fais partie du tout, t’inquiète ! Je te donne tout, fruit de mes entrailles, même le droit d’être là …

Le silence intersidéral qui n’est pas là. Je suis au pays des hommes qui aiment le bruit.

Ce « bruit d’un anneau d’or tombant dans un vase d’argent », chanté par Thomas Mann, et cité par Kundera, j’en rêve.

Mais pour l’entendre, ce bruit, il y a des heures – comme l’heure où l’homme dort, épuisé de ses frasques, rompu, rétamé par ses vaines extravagances

Pitoyable, touchant

Mais là, dans ce pays, en cet instant, des hommes s’enivrent de bruits et couvrent de leurs trépidations le vrai silence,

ce silence angoissant du Dieu qu’on a beau appeler, et qui ne répond pas,

Dieu le Grand absent

Dieu maître du Silence qui fuit…

L’astrophysicien a découvert l’univers en expansion, pas fixé depuis toujours, pas écrit une fois pour toutes. Univers, Tout Ce Qui Est, Tout ce qui se passe, parti de la coquille de noix tu t’étires à l’Infini ?

Tu es ce qui  ne finit pas, ne s’arrête jamais ?

Jamais, ce Janus face/pile du Toujours…

Impensable Jamais, impossible Toujours

Frémissement de Dieu, nous sommes à la frange de ton insaisissable, immense silence, qu’on ne peut entendre et qui vrombit en nous…

Faisons-nous tous ces bruits pour t’oublier, te nier, te repousser dans le néant ?

Le bruit et la fureur (texte nommé ainsi par un participant de l’atelier d’écriture)

                                                                DOMINIQUE CORTI-BA 

Allongée sur la natte, la natte aux couleurs de la mer, je me suis laissée séduire. Je me suis laissée séduire par la liberté, par l’incroyable légèreté d’être. Je laisse tomber le poids lourd de ces derniers mois…quatre mois de confinement, quatre mois d’être la personne forte pour la famille, quatre mois d’être patron d’une entreprise en crise… Le vent m’aide à laisser tomber le poids et il le remplace par les bruissements des feuilles de cocotier…ça fait plaisir de les entendre. Je ferme mes yeux et les sonorisations autour de moi s’intensifient… la voix de Véronique et Coco devient plus fort, plus mélodique… un cri d’un chaton (nouveau-né ?) se mélange avec les chansons des oiseaux perchés dans les milles arbres… la mer nous apaise avec des vagues qui vont et viennent… quelque fois il y a le son d’un clac métallique de monsieur le chef dans sa cuisine. Les cris de « Passe ma bal bi » des footballeurs à côté et deux secondes après « Bam » le coup d’un pied sur le ballon. Je donne mon oreille au ‘Splashi’ de l’eau de la piscine accompagné par le délicieux cri des enfants…

Fatima Jobe

ECHO’VIDE

D’abord un long silence, une longue inspiration… comment faire Echo au Vide, pourtant sonnant et trébuchant ? Le temps n’attend pas, mais qu’est-ce j’attends alors, puisque j’entends, bien vivant, comme les joueurs de foot dont les notes rebondissent entre les murs du Ben’tenier. Et puis un éveil, un réveil, la musique prend forme, tel un orchestre sans chef mais si mélodieux. La nature est bien présente, les vagues et le vent bercent nos esprits, l’apaise et les mots s’allègent. Les gémissements du chaton surgissent puis disparaissent, un silence… à nouveau, inquiétant. Un moustique, une mouche s’invitent à la table d’ ’Echo-lier’ que je suis redevenu, ou serait-ce à la table du déjeuner, pourtant pas encore dressée malgré l’activation en cuisine… Dans la piscine aussi, ‘Plouf’ ! Coumba s’en donne à cœur joie !

Guillaume Grouès    

En chemin

Yanis  ouvre la porte en bois du  jardin et sourit lorsque il entend tinter la cloche du caméléon bleu et mauve, en fer forgé. Un cadeau offert par son ami et à cette place, il pense souvent à lui. Cela fait un moment qu’il n’est pas sorti de la maison et cette promenade matinale vers la mer, le ravit.

Il  prend le chemin de la lagune bordé par de vieux  Prosopis aux troncs noueux penchés par le temps et le vent, s’arrête pour accueillir l’énergie  de cet  espace  où se croisent et s’entrecroisent, les influences de la terre, du ciel et la mer. Le lieu est assez austère,   balayé en saison sèche par les vents d’est, chauds et secs, la terre est  salée et  ne laisse rien pousser sauf  quelques  herbes sèches et coriaces disséminées ici et là.

Un caquètement venu du ciel, le fait sortir de ses pensées   et lever   la tête. Les oies de Gambie !  Il ne peut pas les manquer,   chaque année lorsque ces oiseaux migrent vers le sud, il reconnait leur   clap,  clap, clap sonore et régulier. C’est un signe annonciateur de l’hivernage. Il  se dit qu’elles ont bien de la chance  de voyager.  Il les suit du regard dans le ciel jusqu’à ce qu’elles ne  forment plus qu’un minuscule point  dans les nuages et leur souhaite un beau voyage.

Un bruit sourd derrière, lui, le fait sursauter ; il se retourne  et voit   une grosse noix de coco rouler sur le sable. Il regarda la hauteur du cocotier et se dit qu’il a eu de la chance. Pour un peu il aurait pu se faire éclater le crâne, il prend la noix, la  soupèse   et   la pose de côté, et se  dit qu’au retour de sa ballade il  la reprendra !

Il continue sa marche et se retrouve à  nouveau près des  prosopis,  et entends  chanter   des centaines de petits oiseaux  à tue-tête.   Ils font  un  piaillement infernal. Kip kip kip.  Il ne les voit pas bien mais il devine qu’ils sont  tapis les uns contre les autres sur les branches feuillues des arbres. Il s’approche en faisant le moins de bruit possible, puis  claque des    mains et la centaine d’oiseaux quitte l’arbre en piaillant   encore plus fort,  pour aller se poser finalement,  en vagues rapides et successives  sur l’arbre à côté ! Il  sourit, il s’amuse comme un gamin  à taquiner cette  bande de piafs, mais il aime les oiseaux, ce sont ses amis, il ne se lasse pas de les écouter et de les observer !

Il ne s’imagine  pas vivre dans un monde  où il n’entendrait plus le chant des oiseaux, leurs  pépiements, leurs gazouillis, leurs caquètements, leurs roucoulements. Il  se sent  triste à l’idée que cela pourrait arriver.  Il ne peut s’empêcher de faire un rapprochement avec le silence des instruments de musique.  Il est inquiet  de ne plus entendre la   kora,  le  balafon, les djembés, les griots animer les sabbars sur la place du village et les combats de lutte sous le Bentenier. Les musiciens se sont tus ; il souhaite que  leurs notes de musique reviennent vite réchauffer le corps des hommes et des femmes  et qu’elles soient accueillies comme  les premières  pluies d’hivernage, après des longs mois de saison sèche. Olé !

 NADINE DIOP

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2Commentaires

  • Véronique Petetin
    juillet 30, 2020

    quel beau travail tu as fait Nadine, en mettant en place les images et les textes .. quelle magie que la littérature, dans le ;lieu magique qu’est le Bentenier ….
    Bonheur, bonheur ,
    l

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